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Que manger à l'occasion d'Halloween ?

It’s Halloween ! Cette fête typiquement américaine, récemment entrée sur notre territoire, n'est pas traditionnellement une fête gastronomique, comme a pu le devenir la Noël. Néanmoins, il existe quelques traditions culinaires d'Halloween qui ont débarqué sur le vieux continent au cours de ces vingt dernières années...


Quelques-unes des huit mille citrouilles installées au Trocadéro par France Télécom en 1997. Cette année-là, le prix de la citrouille à Rungis a augmenté de 10%.


À l’approche du 31 octobre, les vitrines des magasins et les rayons des supermarchés se livrent à un curieux rituel consistant à parer les étalages de décorations et d’articles lugubres aux effigies de sorcières, de citrouilles, de fantômes, de zombies, d’araignées, de pierres tombales, d’épouvantails, de têtes de mort, de chats noirs ou de hiboux. Cette tradition, que les moins de vingt ans ont toujours connue, est pourtant récente chez nous…



Octobre 1997. Dans les jardins du Trocadéro, à Paris, huit mille citrouilles se sont alignées mystérieusement. Mais que ce passe-t-il ? … En fait, c’est France Télécom qui célèbre Olaween, un nouveau téléphone mobile de couleur orange. Il s’agit là de la toute première opération « Halloween » d’une société française sur le sol français[1].


La même année, à une quarantaine de kilomètres de là, dans le parc d’attraction Disney Paris, une parade d’Halloween est présentée pour la première fois. Il faut dire que Disney ne manque pas de personnages horrifiques parfaits pour cette célébration humoristico-lugubre, qu’il s’agisse de Cruella, de Maléfique, de Jafar ou du Capitaine Crochet[2].


Maléfique à Disneyland Paris, 2020.


L’initiative est audacieuse. La fête d’Halloween, typiquement américaine, n’est vaguement connue en France que par les médias et le cinéma en particulier. En 1979, sort en France Halloween, la nuit des masques, premier opus d’une série à succès. En 1993, c’est au tour de Tim Burton de mettre la fête en évidence dans son Nightmare Before Christmas. Malgré tout, la fête est peu connue, même si on la célèbre dans un cadre privé depuis 1991 au moins.


Mais à partir de l’opération tapageuse de France Télécom de 1997 et le renouvellement de la campagne les années suivantes, plus rien ne sera comme avant. En 1998, Halloween pèse déjà 30,5 millions d’euros qui se répartissent pour 40% en déguisements, 40% en produits alimentaires et 20 % en articles divers, sans compter les ventes indirectes. Il y a désormais d’importants enjeux commerciaux, si bien que la société Optos-Opus dépose la licence sur la marque Halloween qu’il devra abandonner 6 ans plus tard sur décision judiciaire.


L’affiche du film d’horreur Halloween, la nuit des masques, de John Carpenter, sorti en 1979 en France.


Très vite, à travers toute la France, la fête devient le troisième plus grand événement commercial de l’année après Noël et Nouvel an. En octobre 1999, quasiment tous les commerçants parent leurs vitrines de citrouilles et de sorcières. On voit naître des initiatives locales, comme à Villeneuve dans le Lot-et-Garonne, où un producteur de citrouilles met en vente un kit Halloween destiné aux grandes surfaces. La boîte a la forme d’un château hanté et contient une citrouille avec le matériel pour la transformer en Jack-o’-lanterne. Les recettes proposées permettent de réaliser une boisson qui bouillonne, ainsi qu’un gâteau à la bave de crapaud[3].


Dans les grandes surfaces, on se met tout naturellement aux couleurs de la fête. Chez Monoprix, le personnel porte un t-shirt spécial Halloween et un défilé de déguisement avec prix à la clé est organisé. Les grandes marques ne sont pas en reste et se lancent dans la course avec un kit maquillage chez Yves Rocher, un menu spécial chez McDonald’s ou un packaging spécial pour la soupe au potiron chez Liebig[4], tandis que France Télécom propose une animation spéciale avec distribution de bonbons.


Le public ciblé s’étend aux jeunes adultes. Les boîtes de nuit proposent des soirées spéciales Halloween. Coca-Cola, bien entendu, ne rate pas l’occasion. La marque transforme carrément le Zénith en citrouille pour une soirée géante et édite des cd techno, ainsi que des livres de recettes et de maquillage[5].



En Belgique, le phénomène est suffisamment répandu dans les cadre privé pour que la RTBF y consacre un reportage en 1995 avec le chroniqueur Thomas Van Hamme[6]. Apparemment, seule la ville de Mons célèbre en grand la fête américaine. Néanmoins, la manifestation est assez éloignée de l’originale. Si la tradition des costumes horrifiques est respectée, il n’y a pas de tournée pour récolter des bonbons et L’accent est mis sur la découverte de la magie.

Le premier reportage consacré à Halloween sur la RTBF, en 1995, dans La bande à Carlos. On ne parle pas encore de phénomène Halloween en Belgique, même si la fête est déjà célébrée dans le cadre privé.


Ce n’est qu’à la toute fin des années 1990, dans les villages de Wallonie, qu’apparaissent les premières quêtes encadrées par des comités organisateurs, comme à Gelbressée où une première édition est couronnée de succès en 1999[7].


Finalement, c’est en 2000 que le basculement est le plus visible. La fête d’Halloween, qui ne procédait alors que d’initiatives d’organisateurs d’événements, prend une tournure de plus en plus commerciale, comme en France deux ans plus tôt. Les vitrines des magasins se parent de sorcières et de citrouilles tandis que les costumes se vendent comme des petits pains.


Depuis 2009, le parc Walibi célèbre Halloween.




Les Cupcakes hibou, les Yeux d’Halloween et les Doigts coupés d’Halloween.


L’adoption de la fête américaine s’est accompagnée de l’adoption de recettes de cuisine en lien avec le thème d’Halloween. Une visite sur les sites Marmiton, Chef Simon ou 700g en donne un bon aperçu.


Il existe un certain nombre de recettes horrifiques ou lugubres, comme les Cupcakes hibou, les Yeux d’Halloween, les Doigts de sorcières d’Halloween, La Soupe d’Halloween, la Salade de fruits de l’enfer dans des oranges sculptées, les Mini pizzas du diable ou zombies, le Spaghetti terrifiant d’Halloween les Meringues fantômes, les Araignées d’Halloween, le Gâteau cerveau, les momies feuilletées, le gâteau cimetière, les Rats farcis ou le Brownie aux vers.


Les thèmes évoqués dans ces garnitures arrivent bien entendu tout droit des États-Unis : Jack-o’-lanterne, les sorcières, les fantômes, les hiboux, les chauve-souris, les cimetières, les momies, les zombies, les araignées, les rats, les yeux, les cerveaux, les doigts, les vers et les insectes sont les hôtes éphémères de nos tables. Les ingrédients de prédilection sont les cucurbitacées, l’orange, le popcorn, le chocolat, ainsi que les fruits et les légumes de saison.


La Soupe d’Halloween.

[1] Nathalie Bonnet, « Les citrouilles, le nouvel eldorado », Actionco.fr, 22 novembre 2000, https://www.actionco.fr/Action-Commerciale/Article/Les-citrouilles-le-nouvel-eldorado-150-1.htm [2] Cécilia Delporte, « Halloween maléfique à Disneyland paris », Les échos, 31 octobre 2014, https://www.lesechos.fr/2014/10/Halloween-malefique-a-disneyland-paris-296498 [3] Jean-Christophe Thomas, « La citrouille qui fait peur », Ladepeche.fr, 6 octobre 1999. La citrouille qui fait peur - ladepeche.fr [4] Constance Legrand, « La France se lance dans le business d’Halloween », Les Echos, 29 octobre 1999, https://www.lesechos.fr/1999/10/la-france-se-lance-dans-le-business-dHalloween-779555. [5] Ibidem. [6]https://www.rtbf.be/info/societe/detail_de-l-irlande-a-mons-petite-histoire-d-Halloween-en-belgique?id=10054017&gclid=CjwKCAjwkvWKBhB4EiwA-GHjFi0eD0OO1PM7fbM8Tu4w3fRt4rBb6wzQkGxV-Jz_QENypIHtm16IfxoCcAoQAvD_BwE [7]Échos de la Gelbressée, n°7, novembre 1999.

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